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La Drépanocytose


Qu’est-ce que la drépanocytose ?

La drépanocytose, également appelée anémie falciforme (ou anémie SS), est une maladie génétique héréditaire grave de l’hémoglobine (mutation située sur le chromosome 11), substance contenue dans les globules rouges (hématies) essentielle au transport de l’oxygène à travers le corps et à l’élimination du dioxyde de carbone lors de la respiration. Cette hémoglobinopathie se traduit par une déformation des hématies, normalement en forme de disque biconcave, qui prennent alors une forme de faucille.


  • Quel est le Mécanisme ?
  • Transmission
  • Symptôme
  • Diagnostic
  • Prévention
  • Traitement

Quel est le mécanisme ?

Les personnes saines ont des globules rouges en forme de disque biconcave. Dans le cas de la drépanocytose, en réponse à une quantité d’oxygène faible, l’agglomération des chaînes d’hémoglobine SS donne aux globules rouges une forme de faucille (ou d’un croissant). Ces globules rouges sont appelés falciformes ou drépanocytes, et l’on parle alors de falciformation. 

En plus de cette caractéristique falciforme, les drépanocytes ont la particularité d’être plus fragile que les hématies normales. Ils subissent une destruction précoce (hémolyse) diminuant ainsi leur durée de vie. Elle passe d’environ 120 jours à une vingtaine de jours seulement. Cette diminution du nombre de globules rouges dans le sang des drépanocytaires se traduit par une anémie chronique.

Transmission

La drépanocytose est une maladie génétique. Elle n’est donc pas contagieuse. Chaque enfant reçoit un allèle portant le gène de l’hémoglobine β normale (HbA) du père et un allèle de la mère afin de produire une hémoglobine β (A) normale, la personne est donc de génotype AA.

Lorsque les parents transmettent chacun un allèle où le gène de l’hémoglobine est muté, l’enfant produit donc une hémoglobine β anormale (HbS), il est alors de génotype SS. Les personnes n’ayant reçu qu’un seul gène muté (de génotype AS) ne sont pas malades, ils sont dit « porteurs sain » et peuvent à leur tour transmettre la maladie à leurs enfants. Seules les personnes SS sont drépanocytaires. La drépanocytose se transmet autant aux hommes qu’aux femmes.

Il existe cependant d’autres mutations de l’hémoglobine-β, telles que les mutations C ou la thalassémie, qui lorsqu’elles sont associées à une hémoglobine HbS, conduisent à l’expression de la drépanocytose.

Symptômes

La sévérité de la drépanocytose est très variable d’un patient à l’autre et l’intensité des symptômes évolue au cours du temps pour un même patient.

Les trois principaux symptômes sont l’anémie hémolytique, les crises douloureuses et une plus grande sensibilité aux infections. Ils peuvent se manifester dès l’âge de 3 mois et sont bien souvent plus graves et plus fréquents au cours de la petite enfance. La drépanocytose reste asymptomatique au cours de la grossesse et pendant les 2 premiers mois de l’enfant. À l’âge adulte, des complications supplémentaires peuvent apparaître.

Anémies hémolytiques

L’anémie se définit par un déficit de globules rouges et se traduit par une fatigue excessive chronique, une pâleur, et parfois même par une jaunisse (ou ictère) donnant un teint et des yeux jaunes ainsi qu’une coloration foncée des urines. Il s’agit le plus souvent du premier signe de la maladie. La sévérité de l’anémie peut varier au cours du temps.

En effet, en cas de séquestration splénique aiguë (destruction des globules rouges par une hyperactivité de la rate), ou en cas d’infections à l’origine de crises aplasiques (un arrêt de production des globules rouges, causées par le parvovirus B19, au niveau de la moelle osseuse), l’anémie est susceptible de s’aggraver.

Crise vaso-oclusives

Les crises vaso-oclusives se définissent par l’obturation des petits vaisseaux sanguins par les globules rouges falciformes, entrainant des douleurs vives, parfois extrêmement violentes. Ces douleurs peuvent être soudaines (ou aiguës) et transitoires (durer quelques heures) ou chroniques (durer plusieurs semaines).

Les douleurs chroniques peuvent également s’ajouter à des crises brutales. La déshydratation, le froid, l’altitude, le stress, les efforts sont des facteurs favorisant l’apparition de crises. Cette mauvaise irrigation des organes entraîne la destruction de tout ou partie de ceux-ci. Bien que l’ensemble des organes puissent être concernés, certains sont plus sujets aux crises vaso-occlusives. On observe notamment :

Une atteinte des os et des articulations (particulièrement les os et articulations des bras et des jambes, le dos et la poitrine) ;

Sensibilité aux infections

Les infections favorisent les manifestations liées à la drépanocytose, notamment l’anémie et les occlusions vasculaires. De ce fait, les patients présentent un risque supérieur de comorbidités (septicémie foudroyante). Ces risques sont plus importants chez les enfants : le système immunitaire est encore immature.

Autres complications

Les manifestations liées à la drépanocytose font endurer à l’ensemble du corps de nombreuses épreuves, qui le détériorent au fil du temps. On observe chez les drépanocytaires, un retard de croissance (associé à une puberté tardive) et le développement de complications chroniques touchant l’ensemble des organes. Ces manifestations apparaissent surtout à l’âge adulte :

Diagnostic

Le diagnostic est posé à partir de 3 examens :

  1. Un frottis sanguin (examen au microscope d’un échantillon de sang) permet d’examiner la forme des globules rouges et de détecter la présence de globules rouges falciformes (en faucille) ;
  2. L’analyse de l’hémoglobine permet de mettre en évidence la présence d’hémoglobine anormale de type S ;
  3. Des tests génétiques réalisés dans un laboratoire spécialisé permettent d’identifier de façon précise la mutation du gène de l’hémoglobine, à la fois chez l’enfant et chez les deux parents.

Des examens cliniques doivent être réalisés tout au long de la vie afin de surveiller les dommages occasionnés par la drépanocytose au niveau de différents organes.

Bonnes pratiques aidant à prévenir les complications

La maladie se manifeste plus ou moins sévèrement selon l’environnement. Un temps froid, une variation de température ou un manque d’oxygène favorisent les complications aiguës, notamment les crises douloureuses. Les complications surviennent plus fréquemment en haute altitude. 
Dans les pays en voie de développement, les infections sont la principale cause de décès des enfants drépanocytaires, surtout en Afrique.

Une bonne hygiène de vie et des réflexes simples63 aident à prévenir la survenue des crises et de leurs complications :

  • boire fréquemment de l’eau et rester à l’abri des fortes chaleurs (la déshydratation déclenche des crises par augmentation de la viscosité sanguine) ;
  • ne pas s’enrhumer, et plus généralement éviter les infections respiratoires ;
  • porter des vêtements amples qui ne gênent pas la circulation sanguine, éviter les positions contraignantes (jambes croisées) ;
  • éviter l’essoufflement, les endroits mal aérés (voyages en avion, plongée sous-marine) et les altitudes élevées (supérieures à 1 500 m).
Diagnostic

Le diagnostic est posé à partir de 3 examens :

  1. Un frottis sanguin (examen au microscope d’un échantillon de sang) permet d’examiner la forme des globules rouges et de détecter la présence de globules rouges falciformes (en faucille) ;
  2. L’analyse de l’hémoglobine permet de mettre en évidence la présence d’hémoglobine anormale de type S ;
  3. Des tests génétiques réalisés dans un laboratoire spécialisé permettent d’identifier de façon précise la mutation du gène de l’hémoglobine, à la fois chez l’enfant et chez les deux parents.

Traitement

La drépanocytose est une pathologie incurable.
Seuls des traitements symptomatiques sont disponibles afin d’améliorer le quotidien des patients. Il est possible de soulager les douleurs liées à un manque d’oxygénation des tissus en période de crise, d’éviter au mieux les infections graves, de prévenir les complications chroniques et le cas échéant, de les prendre en charge.
Les enfants doivent également bénéficier de vaccinations supplémentaires (pneumocoque, méningocoque, virus de la grippe et hépatite B). De plus, pour éviter l’aggravation de l’anémie drépanocytaire, une prise quotidienne d’acide folique (vitamine B9) est prescrite.

Prise en charge des crises douloureuses

Premières causes de consultation, les crises douloureuses sont la manifestation la plus invalidante de la maladie.
Lors de crises vaso-occlusives, la douleur ne peut être soulagée qu’à l’aide d’antalgiques de palier I (aspirine, paracétamol, ibuprofène). Dans le cas de douleurs persistantes, une hospitalisation est nécessaire. Lorsque l’effet des antalgiques de palier I n’est pas suffisant, l’administration de morphine ou de dérivés opioïdes est proposée pour diminuer les douleurs résistantes.
L’oxygénothérapie (inhalation quotidienne d’air enrichi en oxygène pour augmenter l’oxygénation des organes) peut être associée au traitement antalgique pour diminuer les douleurs.

L’hydroxyurée (ou hydroxycarbamide), quant à elle, permet de réduire significativement l’occurrence des crises douloureuses chez le drépanocytaire. Elle permet d’augmenter le taux d’hémoglobine fœtale (HbF) dans le sang, réduisant ainsi la polymérisation (agrégation) de l’hémoglobine S. Cependant, l’efficacité de ce traitement n’est pas la même chez tous les patients. Elle diminue avec l’âge et peut conduire à des problèmes (réversibles) de fertilité chez les hommes.

ESPOIR: Thérapies géniques

Des souris drépanocytaires ont pu être guéries en introduisant chez ces animaux un gène produisant une hémoglobine « anti-drépanocytaire » en quantité élevée

Chez un malade atteint de drépanocytose, les cellules souches hématopoïétiques se transforment en globules rouges anormaux. Pour remédier à cela, les médecins ont parfois recours à une greffe de moelle osseuse : ce procédé remplace la moelle osseuse déficiente du patient par la moelle osseuse d’un donneur contenant des cellules souches saines.

À savoir ! Les cellules souches peuvent parfois être collectées à partir du cordon ombilical ou du sang du donneur.

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